On dit toujours que ça n'arrive qu'aux autres.
En l'occurrence, c'est vrai, puisqu'il semblerait que depuis quelques temps les bébés fleurissent autour de moi.
Alexandre, Urbain, Alexis, Camille, Léo, et autres prénoms charmants résonnent a mes oreilles comme mille promesses de lendemain chantant.
Ainsi, lorsque ce week-end, un séminaire de ma compagnie me permettait de retrouver quelques uns de mes (pas si) anciens collègues, je m'enquis vite de leur nouvelles.
L'un, J., venait d'avoir un fils dernièrement.
J., c'est le type qui pense que rouler en Porsche le place au dessus des autres (rien de plus commun, et ridicule, qu'une Porsche à Dubaï), que l'on peut encore cacher sa calvitie naissante en rabattant ses (rares) cheveux longs gominés dessus, celui qui rote à table après un bon repas avec les représentantes de ta marque venues de New-York, et qui n'a pas encore remarqué que les blazers croisés à boutons dorés sont un peu datés. Ainsi, il m'impose sa présence tonitruante et ses manières frustes depuis trois ans déjà.
Mais quand il m’annonça que son fils avait enfin pointé le bout de son nez, je me suis dit qu’il fallait lui laisser une deux millième chance, et lui demandai, enthousiaste, le nom de son bébé. En général, quand on pose cette question, on est suspendu aux lèvres de son interlocuteur, prêt à enchaîner : « comme c’est mignon ! » ou « comme mon petit neveu, c’est adorable comme nom ».
Mais là, rien à faire, je suis restée bouche bée.
« Mohammed ».
Je n’ai trouvé à lui répondre que : « il parait que c’est le nom le plus porté chez les locaux ici, avec Abdullah », c’est dire le compliment. Mais lui l’a pris comme tel, et m’a d’ailleurs remerciée. Pour enchaîner sur son yacht, et le nouveau Porsche Cayenne qu’il s’est commandé.
Il parait que les goûts et les couleurs ne se discutent pas.
Et que tous les goûts sont dans la nature.
Effectivement, mais je vous conseille néanmoins de vous méfier des collègues aux blazers marine croisés à boutons dorés.
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