dimanche 9 septembre 2007

Gelati?

On entend souvent les femmes se plaindre de n’avoir aucune robe à se mettre, ou le cas échéant, de n’avoir aucune soirée où la mettre.
Ce n’est certainement pas un leitmotiv courant à Dubaï, tant les occasions ne manquent pas pour montrer son joli minois dans la ville-paillettes. Et j’avoue me prendre volontiers au jeu, ne ratant jamais une occasion d’arborer mes nouvelles Sergio Rossi, ou ma dernière robe Ferretti.
Autrefois, à une époque si lointaine qu’elle me semble une autre vie, je ne sortais jamais sans l'uniforme parisien de rigueur : jean-veste-petit top-talons hauts. Qu’elle est loin cette époque !
A Dubaï je ne mets de jeans que pour aller au cinéma, tant la clim rafraîchit la salle des 42 degrés extérieur, et je dois avouer que, ayant perdu l’habitude, je trouve cela bien inconfortable.

Lorsque mon ami Z. a lancé son invitation pour une Cocktail Party de rentrée chez lui, je savais que ce serait une occasion de porter une jolie robe (neuve), et de rencontrer des gens élégants et distingués, loin des anglais ivres ou des libanaises vulgaires qui peuplent les soirées dubaiennes.
Et la soirée fut à la hauteur de mes attentes : tout était parfait, comme mon ami Z. (quel dommage qu’il soit gai…) L’appartement est un sublime loft new-yorkais (ou Z. était architecte et fashion designer pendant 10 ans), mais, afin de ne pas vous donner de complexe, et espérer me faire inviter a nouveau chez vous la prochaine fois que je suis de passage à Paris, il me faut préciser qu’il a ouvert ici son cabinet d’interior designer, qui marche du feu d’Allah ici.

L’invitation, parfaite elle aussi, était bien claire : cocktail dress, no jean. De plus, elle était adressée à moi et à Souperman, que Z. invitait également bien que ne le connaissant pas, « puisqu’il est important pour (m)oi ». Je le rassurais en lui disant que Souperman, de par son éducation milanaise, est toujours très élégant, collectionnant les cravates Hermès et les boutons de manchette.

Bref, la veille au soir, en virée shopping-sushi avec mon amie E., alors que je me demandais bien laquelle de mes 14 robes de cocktail j’allais bien pouvoir porter, et alors que je cherchais un cadeau pour mon amie homonyme qui va bientôt fêter son anniversaire, je la découvrais au détour d’une allée : elle était là, en soie blanche immaculée, et me tendait les bretelles : la robe Narciso Rodriguez de mes rêves. Bon, je sais, j’ai déjà dit ça le mois dernier quand j’ai craqué sur une Alberta Ferretti, mais une femme n’a jamais assez de robe, n’est-ce pas ? D’ailleurs la voilà ci-contre. Vous auriez pu résister à ses reflets ensorcelés, vous ? (PS : non, ce n’est pas moi sur la photo).
Le lendemain, quand Souperman est venu me chercher après ses 4 heures de golf-tennis du vendredi pour aller à la Cocktail Party (à 2 rues de chez moi), je me sentais des ailes. Comment mon italien préféré allait donc être habillé ? Dans un élan de bonne volonté, il m’avait même dit qu’il voulait s’assortir à ma nouvelle robe blanche.

Argh. A peine montée dans sa voiture, j’ai failli me mordre mes lèvres Guerlainisées. Une blouse blanche large au col V généreux laissant dépasser sa toison luxuriante, un jean large Dolce, et ses nouvelles baskets blanches Gucci. Je ne savais pas s’il allait m’emmener à ma soirée, ou me faire travailler sur le trottoir des Greens. De plus, ne manquant pas d’humour, il me lance : « Je souis heureux de pouvoir m’habiller enfin tout en blanc, en Italie, tou peux pas, sinon les gens te crient dans la rue « Gelati* ! », c’est la tenoue dou type qui vend des glaces sour son petit vélo » (* Glaces !)
Oui, je me disais bien, il y avait de ça… Et moi d’arriver à la Cocktail Party de mes amis avec ma robe Narciso Rodriguez, mes sandales John Galliano à perles, mon sac Chanel blanc… et mon banquier milanais, euh pardon, mon vendeur de glaces sicilien.
L’une des qualités que j’apprécie le plus chez lui, c’est qu’il « en » a, et force est de constater qu'il ne s’est pas laissé démonter par tous ces imbéciles en costume-cravate. Au contraire, après des débuts timides, il a bientôt fini par subjuguer et conquérir mes amis, qui l’avaient judicieusement branché sur son sujet préféré : « cuisine ». En revanche, il a essaimé la soirée de touches d’humour dont je me serais bien passée, du style : « J’ai fini la vanille », ou « avec de la pistache ? ». Heureusement que personne ne comprenait son français italianisant.
Enfin, on dit souvent que les femmes entre elles sont très jalouses. Ce n’est pas vrai. Ce soir-là, je pense qu’à peu près toutes les filles de la soirée m’ont complimentée. Et ce n’était pas mon vendeur de glaces ambulant qu’elles m’enviaient le plus, mais ma sublime robe immaculée.
Tant pis pour Souperman.
Merci Narciso, vous comprenez si bien les femmes…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mélange des cultures et panachage des styles, interaction des accents, entrelacement des senteurs et réassort des couleurs... voici le cocktail détonnant du bonheur décapant, le blend ad hoc des sensations baroques, la mixture magique de la gaieté exotique !